Résumé
Le système actuel de tarification des soins encourage à toujours fournir plus de soins, mais n’incite pas à fournir des soins de bonne qualité. L’ambition du projet “Pay for Patient Value” est d’inverser cette logique grâce au développement et au test de modèles de tarification basés sur la qualité de soins en orthopédie.
En 2021, en collaboration avec l’Hôpital universitaire de Bâle et l’Hôpital de La Tour, le Groupe Mutuel a lancé le projet pilote « Pay for Patient Value ». Son objectif était la conception d’un modèle de rémunération basé sur les principes du VBHC et axé sur la pose de prothèse de hanche à titre d’exemple dans un premier temps. Les paramètres d’évaluation de la réussite étaient le niveau de douleur, la fonctionnalité de la hanche ainsi que les taux d’infection et de révision. À l’aide des données recueillies, un modèle de rémunération a été conçu en collaboration avec le Centre de compétences Health Data Science de l’Université de Lucerne. Ce modèle prévoit une rémunération complémentaire en sus du forfait DRG actuel basé sur la qualité du traitement. Le paiement de cette rémunération complémentaire se divise en deux composantes. La première composante du modèle récompense rétroactivement les hôpitaux ayant un faible taux de révisions de la prothèse et de réadmissions non planifiées. La deuxième composante du modèle, plus innovante, récompense les hôpitaux qui, dans un premier temps, collectent et mettent à disposition des données PROMs (« Patient-Reported Outcome Measures » - mesures des résultats de santé rapportés par les patients) et qui, dans un deuxième temps, obtiennent des résultats PROMs supérieurs à la moyenne.
Les critères d’évaluation de la qualité des soins sont ajustés aux risques. Une étude sur les variations de la qualité et des coûts des poses de prothèses de hanche entre les services hospitaliers a, en effet, mis en avant l’importance de l’ajustement aux risques. Dans cette étude, Sascha Brunner (Université de Bâle) a démontré que 65% des variations de qualité, peuvent être expliqués par les facteurs associés aux patients et, dans une moindre mesure, au service hospitalier. Les patients obèses, dans un mauvais état de santé général, et souffrant de certaines comorbidités telles que l’insuffisance cardiaque ont ainsi une probabilité plus élevée de subir une révision de leur prothèse dans les deux ans suivant l’intervention, l’indicateur utilisé dans l’étude pour évaluer la qualité.
Après la finalisation réussie de la première phase en 2024, le projet va être étendu afin d’intégrer la pose de prothèse de genou, ainsi que d’autres partenaires (tels que l’Hôpital cantonal de Lucerne), les patients et les cantons. Le modèle doit être continuellement amélioré à l’aide des nouvelles données collectées et préparé en vue d’une introduction à plus grande échelle dans le système de santé suisse.